Baleines, jardins et township…

OLYMPUS DIGITAL CAMERAHERMANUS ET SEDGEFIELD 31/7-5/8.  Adieu Cape Town et sa vie si douce. Nous partons à la poursuite des baleines, direction Hermanus. Quelques heures de route et la nuit tombe bien avant notre arrivée à Hermanus. Nous trouvons sans soucis notre backpack’, l’Hermanus Backpackers (des fois que les clients seraient atteints d’Alzheimer précoce, ça fait un seul truc à retenir !). Accueil sympathiquissime du staff et joie de Jock le chien de trouver un nouveau copain: Anis ! L’endroit est super chouette et comme nous nous attelons au repas du soir, un gars fait du feu dans la cheminée d’un salon cosy à souhait. L’ambiance est joyeusement bordélique et des photos et articles collés aux murs racontent la vie et l’oeuvre des grands requins blancs. Nous hésitons (mais pas très longtemps) à faire du Shark Diving, de la plongée en cage avec des grands blancs: l’eau est très très froide malgré les combi. Du coup, on fait des économies. Et on se rabat sur le Braai sud-africain. Car, à l’instar des australiens et autres néo-zélandais, les sudafs jouent en première division dans le World Barbecue Championship. Nous nous regalons d’une délicieuse viande fondante avant de poursuivre la soirée au coin du feu.

Hermanus s’étend le long de l’océan sur la route des baleines. Je pars courir le matin et j’aperçois au loin le jet respiratoire des mammifères et même la queue d’une des baleines. L’après-midi, nous arpentons, jumelles à la main une partie du sentier côtier et le spectacle est féerique. Les cétacés remontent la côte et ne craignent pas de s’approcher du rivage. Nous apercevons des mères et leurs petits qui surfent dans des vagues robustes. La végétation littorale de bosquets sculptés par le vent et la grève rocheuse découpée à l’emporte-pièce, les vagues qui viennent se briser sur le rivage déchiqueté, la brise iodée nous transportent. Anis court sur les cailloux, les filles comptent les grains de sable.  Comme la mer est belle. Que nous sommes heureux.

Nous profitons d’une belle matinée pour visiter le township avec Willy. Visiter un township peut donner l’impression d’une démarche voyeuriste, mais contrairement aux tours opérateurs qui trimballent les touristes dans soweto en voiture, nous partons avec un guide qui vit au township.  Cet adorable grand-père habite dans le bidonville depuis toujours et propose ses visites guidées à pied à travers les cabanes de tôle. Willy est un petit bonhomme souriant, rond avec un bouc gris comme ses cheveux. Il est affable et énergique et nous entraine d’abord dans sa propre maison, minuscule mais en dure et nous présente sa femme, sa petite fille et son petit fils, endimanchés pour la messe de onze heures. Quelques photos de ses enfants trônent au milieu de bibelots. Après les photos d’usage, nous partons déambuler dans les ruelles. Première étape chez la voisine d’en face. Nous sommes reçus à bras ouverts. Une de ses filles fait la lessive dans une grande bassine rouge. Elle vit avec ses 4 enfants dans une baraque en tôle de quelques mètres carrés. Dans cette pièce minuscule, un coin cuisine et un frigo juste à droite de la porte font face à un lit deux places. Cette femme le partage avec ses deux filles. Les deux garçons dorment sur des matelas à même le sol. Des câbles alimentent le frigo et quelques appareils à partir d’une prise de courant installée rapidement dans la cloison en contre-plaqué. Des traces au plafond et sur les murs témoignent des infiltrations d’eau lors de la saison des pluie. Les sourires éclatants de cette famille illuminent la misère quotidienne. Un homme sur le toit de la cahute voisine installe de la tôle comme pour nous rappeler que la pauvreté fait son lit chaque jour et que l’on est loin de démonter les bidonvilles. Nous déambulons dans le quartier tranquillement. Willy connait un grand nombre des habitants du township et partout, nous sommes accueillis avec le sourire. Il nous explique le fonctionnement du bidonville, nous montre les points d’eau et les toilettes communes, les petites épiceries qui fournissent le nécessaire, les bistrots de bric et de broc qui se remplissent le week-end. Exceptionnellement, nous rentrons en famille dans un des rades, car habituellement, les mineurs ne sont pas admis dans ce type d’établissement. Il nous emmène finalement au point névralgique, l’endroit d’où partent les minibus et taxi collectifs pour l’ensemble de l’Afrique du Sud. Au départ du bidonville, on peut aller n’importe où.

Le soleil brille fort sur les tôles grises et les sourires des habitants sont comme des pépites de bonheur au beau milieu de la misère injuste des townships. Finalement nous retrouvons notre bagnole garée devant chez Willy et il nous signale fièrement qu’elle est intacte. Nous n’étions pas du tout inquiets mais les préjugés ont la vie dure. Nous échangeons nos mails et je promets à Willy de lui envoyer les photos de la balade (c’est fait à l’heure où j’écris cet article).

Nous nous sentons en vacances maintenant que l’école s’est achevée pour la famille. Maële a clôturé ses séances avec un 20/20 en math à Cape Town et nous n’avons plus le stress matinal des devoirs à accomplir. Nous reprenons tranquillement la garden road vers le cap Agulhas, la pointe sud de l’Afrique. Nous traversons de vastes prés jaunes vallonnés pour descendre jusqu’à la côte. Il faut traverser le village en cul-de-sac avant d’arriver au phare rouge et blanc qui surplombe la plage. De là, une piste conduit jusqu’au bout de l’Afrique. Nous nous réfugions derrière un rocher pour pique-niquer à l’abri du vent. Un bateau a perdu sa cargaison d’oranges et les fruits colorés jonchent la grève dans un tableau un brin surréaliste. Nous arpentons le rivage les yeux dans le lointain. Juste en face, c’est l’Antarctique…Un rêve de glace et d’aventure.

Nous reprenons la route pour Sledgefield à travers les grandes étendues cultivées sous un ciel d’hiver lumineux et c’est à la nuit tombée que nous nous installons dans notre chambre cosy d’un backpacker en bord de mer. Nous y passons deux jours paisibles à profiter de l’océan et de la magnifique plage de sable qui s’étend sur quelques kilomètres. Les enfants se baignent dans les eaux fraiches sans crainte des requins pendant que je regarde la marée montante venir lécher mes baskets. Ainsi passent nos derniers jours heureux dans l’hémisphère sud. Dernière étape avant le retour en Europe, Port Elisabeth. Nous partons chez Lorien et Lloyd qui vont nous héberger une semaine et nous faire découvrir les baleines…

3 réflexions au sujet de « Baleines, jardins et township… »

  1. Cecile Verdet

    Toujours génial vos textes, vos photos… les descriptions, les rencontres , l’humour, l’enthousiasme, la beauté, les découvertes …
    Comment on va faire après ?
    Merci pour ce blog et le partage de ce fabuleux tour du monde;
    Bisous Cécile

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  2. George-Henri

    Quelle surprise! Ainsi l’on peut visiter les townships! Décidément, ce pays est plein de surprises. Il reste du boulot pour donner à ce peuple un peu plus qu’un sourire. Hâte de vous voir. Baisers.George-Henri

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